JONNA

JONNA

Dans le froid, les steppes du vieux Nord, il a entendu le chant lointain de la sorcière aux mains d'or. Il était presque mort, gelé jusqu'aux os, après cette ultime bataille qui tua ses meilleurs soldats.
La guerre, il en avait assez. Elle durait depuis trop longtemps. Allongé sur la terre glacée, inerte, perdu dans le sommeil de l'entre-deux mondes, il a prononcé son nom. Il a supplié celle que l'on craint dans cette contrée sauvage : JONNA, la sorcière aux mains d'or. Son dernier souffle était pour l'appeler, elle, l'enchanteresse. Son esprit s'est, alors, embrumé et il est parti dans un ailleurs, une larme de diamant collé à son visage, sa toute dernière larme.

Jonna regarda l'étendue des dégâts avec mépris. La haine était encore tellement présente chez les humains. Ils se comportaient comme des enfants capricieux, bagarrant pour un lopin de terre ou quelques joyaux. Les aider, à quoi bon ? Depuis des siècles, les mêmes leçons, les mêmes expériences... Mais, ils ne comprenaient rien. Aucune évolution. C'était triste et pathétique. De temps en temps, quelques êtres se détachaient du lot. Et l'humanité faisait, soudain, des pas de géants. Malheureusement, ils retombaient vite dans leurs travers. Concupiscence et violence étaient encore des concepts bien vivaces, ancrés dans leurs esprits tortueux.

Quand la sorcière entendit l'appel du guerrier, elle eut envie de fuir et le laisser à son sinistre trépas. Cependant, son cœur vibra si fort qu'elle ne put résister et vola à son secours. Elle vit la larme de diamant sur le visage de l'homme et tressaillit. Elle sut à cet instant qu'il était le soldat de la prophétie. Cette prophétie ancienne racontée par son aïeule prédisait la venue d'un humain qui aurait le choix entre deux chemins : maintenir son peuple dans la haine ou le mener vers l'amour et la tolérance. Jonna, dont le dilemme était immense, fut tentée de lui planter sa dague en plein cœur et finir le travail de la Mort. Mais, agir ainsi allait à l'encontre de son essence. Agir ainsi, c'était se laisser guider par ses peurs. Et elle ne pouvait s'y résoudre. Lentement, elle rangea l'arme dans son fourreau. Avec bienveillance, elle caressa la larme de diamant de ses doigts aurifères et entonna le chant de de la Vie... Puis, elle disparut... Laissant l'homme s'éveiller, laissant l'homme face à son libre arbitre.