25 Mars 2020
"Tu te sens en prison entre ces murs infâmes qui paralysent chacun de tes élans. Geôle de l'immonde. Tu regardes l'horizon avec un désir si puissant qu'il consume ton âme, ta chair. La douleur en est fulgurante. La liberté, tu l'as perdue. Tu ne peux que rester à terre enveloppé de cette atroce fange à regarder tes pairs dans ce ciel azur. Ce ciel où tu aimerais tant voler. Mais, tes ailes... On te les as coupées. Déchu depuis des éons, tu as même oublié le pourquoi de cette infamie. Tu erres, des larmes de rage au cœur. Tu maudis chaque heure qui passe. Odieuse torture te rappelant une ancienne vie si insouciante. Tu étais si nonchalant, si superficiel en ce temps là, pensant que le monde t'appartenait. Invincibilité. Pauvre de toi ! Si tu avais su... Que de regrets aujourd'hui...
Ton seul soleil, dans cet obscur présent, est ce minuscule oiseau venant chanter à ta fenêtre aux barreaux rouillés. Petit être te ramenant quelques fugaces instants de bonheur. Ce charmant volatile te permet de ne pas sombrer dans la plus amère des vengeances envers toi-même, de conjurer cette folie qui te guette. Te mènera t-il jusqu'à la rédemption ? Tu l'ignores. Quel est le sens de ce mot, d'ailleurs ? Tu ne sais plus.
Écouter ce compagnon ailé est le plus beau des présents dans ce quotidien aux couleurs grisâtres. Pourtant, il n'est pas venu ce matin. Tu l'as attendu... Mais rien... Juste ce cri lugubre d'un prédateur à l'odeur de sang dans la gueule et qui te regardait avec un sourire..."
Sandrine Barquisseau