25 Mars 2020
"Je me suis assise près du saule pleureur, celui de la rivière noire. Notre arbre... Te souviens-tu ? J'ai longuement pleuré. Impossible de m'arrêter. Plus de temps, plus d'espace. Que mes larmes creusant leur sillon sur mes joues, comme pour rejoindre les flots sombres. Puis... Plus rien... La source de mon malheur s'est soudainement tarie. Je n'ai plus eu peur. Je n'ai plus eu froid, ni mal. Je n'ai plus eu aucune envie, ni désir. Les émotions, je n'en avais plus. Le néant m'engloutissait... La rivière noire m'a, alors, enveloppée de sa tendresse glaciale. J'ai accepté sans subir. Je me suis fondue dans cette masse informe, cette eau glauque. Était-ce un rêve, une illusion ? Aucune lumière, aucun son. Silence magique de la non-vie. Étais-je dans ce caveau de l'ombre, cercueil de l'oubli ? Habitais-je encore ce corps longtemps chéri ? Je ne sais plus. Mon cœur s'était arrêter de battre. Pourtant, je me sentais étrangement sereine dans cette nuit sans fin... Oui, j'étais bien car les attentes n'existaient plus."
Sandrine Barquisseau